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Mémoires de la plantation, épisodes de racisme ordinaire - Grada Kilomba
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Mémoires de la plantation, épisodes de racisme ordinaire - Grada Kilomba

Réf: 9782490297122
19,00 €

Description

Grada Kilomba analyse de courts témoignages de femmes noires, qui parlent de la famille, du couple, ou des images qui leur sont attachées. Elles racontent le racisme dit "ordinaire" – ces remarques, gestes, actions, aux conséquences psychologiques réelles. Car pour l’autrice, le racisme ordinaire n’est pas un événement isolé ou ponctuel : c’est une exposition constante qui fait revivre des scènes d’un passé colonial, et mêle passé et présent.

Quel est le poids de l’histoire, le poids d’être classé·e comme "Autre" dans une société où la blanchité est la norme ? Comment devenir sujet après avoir été marginalisé·e ? Comment dire ce qui a été mis sous silence ?


Dans cet essai influencé par la pensée de Frantz Fanon, devenue référence internationale dans les études postcoloniales, l’autrice en est le sujet d'étude – et s’interroge : Qui peut parler ? Qui peut produire du savoir ? Il est urgent de penser à des stratégies pour décoloniser le savoir, la parole et nos imaginaires.


Extrait :

"Le masque


Il y a un masque dont j’ai beaucoup entendu parler pendant mon enfance : celui que l’esclave Anastácia fut obligée de porter. Les nombreux témoignages et descriptions détaillées semblaient vouloir m’avertir qu’il ne s’agissait pas de simples faits du passé, mais de souvenirs vivants enfouis dans notre psyché, prêts à être racontés. Aujourd’hui, je veux les raconter à nouveau. Je veux parler de la brutalité de ce masque de mutisme.

Ce masque était un objet très concret, un véritable instrument qui a fait partie du projet colonial européen pendant plus de trois cents ans. Il était composé d’un mors placé dans la bouche du sujet noir, serré entre la langue et la mâchoire, et attaché derrière la tête par deux cordes, l’une entourant le menton et l’autre le nez et le front. Officiellement, les maîtres blancs s’en servaient pour empêcher les Africain·es esclavagisé·es de manger de la canne à sucre ou des fèves de cacao lorsqu’iels travaillaient dans les plantations, mais sa fonction principale était d’instaurer un sentiment de silenciation et de peur, dans la mesure où la bouche était à la fois un lieu de mutisme et de torture.

Ainsi, le masque représente le colonialisme dans son ensemble. Il symbolise les politiques sadiques de conquête et leurs régimes cruels visant à réduire au silence celleux que l’on a désigné.es Autres."


Grada Kilomba

Grada Kilomba est psychologue, professeure d’université et artiste. Elle enseigne et travaille sur les questions postcoloniales et les études de genre. Ses installations artistiques ont été exposées à Berlin, São Paulo, New-York, et dans le monde entier.


Thèmes : colonialisme, mémoire, trauma, décolonisation, racisme, ségrégation, corps noir.


Autrice : Grada Kilomba

Traductrice : Paula Anacaona

Éditions : Anacaona

Date de parution : 18/03/2021


Dimensions : 14 cm x 21 cm, 252 pages.

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